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LES CORRECTEURS A PARIS
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livre parfait de corrompu qu’il était auparavant ». « Tu fais, au reste, la plus grande attention à ce qu’ils n’impriment rien sans que le texte ait été confronté avec tous les manuscrits que tu réunis et corriges plusieurs fois. »

Le deuxième ouvrage sorti des presses de la Sorbonne fut terminé aux derniers jours de l’année 1470 : c’était un Traité de Gasparino sur l’Orthographe latine. D’après Guillaume Fichet, ce volume fut, comme le premier, revu et corrigé par le prieur La Pierre qui y ajouta un chapitre de Guarini de Vérone sur les Diphtongues : … « Les [Friburger, Gering et Crantz] voilà qui se hâtent de terminer l’Orthographe du même Gasparino, soigneusement corrigée par le même Jean de La Pierre, ouvrage excellent à mon avis[1]… »

Dès les premiers mois de l’année suivante, Friburger et ses compagnons avaient achevé l’impression d’une, édition latine de Salluste. La Pierre avait assumé également la correction de ce travail, dont, s’il faut en croire une lettre de Guillaume Fichet, il était occupé, dès 1470, à réviser le texte.

Guillaume Fichet fut à la Sorbonne, on l’a vu, non seulement un des collègues les plus éminents de La Pierre, mais encore son confident et son collaborateur. En 1471, Fichet fit imprimer sous ses yeux dans le modeste atelier de Friburger un volume intitulé Rhétorique, résumé des conférences publiques qu’il avait faites : ce fut peut-être le quatrième livre publié à Paris. Guillaume Fichet corrigea lui-même et modifia plusieurs fois son texte ; après le tirage, des cartons furent réimprimés et vinrent remplacer les pages défectueuses. Bien plus, le souci de l’exactitude et de la pureté du texte fut poussé si loin que plusieurs corrections ajoutées à la plume se voient dans presque tous les exemplaires que l’on possède encore[2].

  1. D’après une lettre de G. Fichet (voir A. Claudin, Histoire de l’Imprimerie en France au xve et au xvie siècle, t. I, p. 26).
  2. Pour bien connaître toute cette période des débuts de l’imprimerie en France, il faut lire Claudin, Histoire de l’Imprimerie en France. Ce travail, sorti des presses de l’Imprimerie Nationale, à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900, est, peut-on dire, un chef-d’œuvre d’art typographique. Outre un texte fortement documenté, il comprend un nombre considérable de reproductions merveilleuses des livres imprimés à la fin du xve et au début du xvie siècle, reproductions en noir et en couleurs avec enluminures. Des trois volumes que nous avons consultés et auxquels nous avons emprunté maints détails reproduits ici, deux sont relatifs aux imprimeurs parisiens ; le troisième concerne l’imprimerie lyonnaise.