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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE


§ 2. — INTRODUCTION DE L’IMPRIMERIE EN FRANCE


I. — Nicolas Jenson.


En 1457, paraissait à Mayence, en texte latin et lettres gothiques, un Psautier, le premier livre imprimé en caractères mobiles de fonte auquel on puisse assigner une date certaine.

La nouvelle de cette étonnante production est à peine parvenue à Paris que le Pouvoir royal comprend toute l’importance de la découverte de Gutenberg. Dès l’année suivante, Charles VII décide d’envoyer à Mayence un émissaire chargé de « s’informer secrètement de l’art et en enlever subtilement l’invention ». Voici, d’ailleurs, en quels termes s’exprime à ce sujet une note marginale relevée sur un manuscrit, relatif aux Monnaies, conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal[1] : « Le troiziesme jour du mois d’octobre de l’annee 1458, le Roy ayant sceu que Messire Guthemberg, chevalier, demourant a Mayence au païs d’Alemaigne, avait mis en lumiere l’invencion d’imprimer par poinçons et caracteres ; curieux de tel tresor, le Roi [Charles VII] avait mande aux Generaux de ses Monnoies, lui nommer personnes bien entendues a la dicte taille pour envoïer au dict lieu secretement soy informer de la dicte forme et invencion, entendre, concevoir et apprendre l’art d’icelles ; a quoy fut satisfaict au desir du Roy et par Nicolas Jenson fut entreprins tant ledict voïage que semblablement de parvenir a l’intelligence dudict art et execucion dicelui audict Roïaulme, dont premier a faict debvoir dudict art d’impression dudict Royaulme de France. » À l’encontre de cette mention, certains auteurs prétendent que l’envoi, à Mayence, de Nicolas Jenson, graveur de la Monnaie de Tours, eut lieu en 1462 seulement, et d’après les ordres du roi Louis XI ; mais les graves événements qui, nous le

  1. Rapporté d’après A. Bernard, De l’origine de l’Imprimerie, t. II, p. 272.