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SES FRÈRES
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imprimeur commet la réputation littéraire et technique[1] de sa maison. Nous disons presque, car sur ce point, comme en nombre d’autre, l’Imprimerie Nationale s’écarte de nos usages : elle classe en deux catégories bien distinctes les employés auxquels elle confie le travail de la correction : les lecteurs d’épreuves assurent la correction des premières, pour une fraction celle des bons à tirer, ainsi que les revisions ; les correcteurs se consacrent exclusivement à la lecture des bons à tirer[2].

Faut-il voir, dans ces dénominations et dans ces attributions dont les limites paraissent quelque peu élastiques, un souvenir des temps anciens ? Bien que la chose soit possible, nous ne le pensons pas ; cependant l’idée que ce fait eût pu être vaut tout au moins d’être signalée, ne serait-ce que pour rappeler un usage dont notre corporation a perdu aujourd’hui la mémoire.

À l’époque où notre art était encore dans l’enfance ou sortait à peine du berceau, des noms différents ont été employés, en outre du mot correcteur, pour qualifier la situation occupée dans notre profession par maints érudits. M. Baudrier dans sa Bibliographie lyonnaise[3] reproduit parfois en entier, souvent en longs extraits, ou fréquemment analyse les actes notariés ou consulaires relatifs à l’imprimerie ; ce sont ces études qui nous ont fait connaître les désignations dont nous allons parler.

Nous donnerons ici quelques citations de ce travail :

« Du 23 avril 1549 : Vente faite par « Charles Fontaine, prélecteur d’imprymerie, à Lyon[4]… » ;

« En 1581, Laurent Candie, prélecteur de livres, est taxé à 45 sous, à Lyon[5] ;

« Dans un acte du 16 juillet 1581, Gabriel Chappuis[6] est dénommé prélecteur d’imprimerie » ;

  1. Au prote est confié le soin de veiller à la réputation technique et commerciale.
  2. Voir note 2, page 3. — Voir également, plus loin, chapitre iii, p. 135.
  3. Douze volumes parus au 1er août 1922. Ces recueils dont l’érudition est remarquable sont pour l’étude de la typographie lyonnaise, et aussi française, tant au point de vue patronal qu’au point de vue ouvrier, une source incomparable de renseignements à laquelle nous avons eu recours en de nombreuses circonstances. Les volumes que nous avons consultés s’étendent des dernières années du xve siècle au début du xviie. — Se trouvent en vente : à Lyon, chez M. Louis Brun (Librairie Ancienne), rue du Plat, 13 ; à Paris, chez A. Picard et Fils, libraires, rue Bonaparte, 82.
  4. Baudrier, Bibliographie lyonnaise, 3e série, p. 93.
  5. Id., Ibid., 1re série, p. 103.
  6. Gabriel Chappuis, originaire de Touraine, habita Lyon jusqu’en 1593, époque à