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PROTE ET CORRECTEUR
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§ 3. — LE PROTE ET LE CORRECTEUR


« Les personnes étrangères à l’imprimerie confondent souvent le correcteur avec le prote. »

L’origine et les causes de cette confusion remontent aux débuts de l’imprimerie. À cette époque, il n’y eut que très peu de correcteurs spéciaux, c’est-à-dire se livrant exclusivement, et pour une seule imprimerie, à la correction des épreuves. La plupart des lettrés occupés dans les ateliers remplissaient les doubles fonctions d’auteur ou de traducteur et de correcteur. Ils revisaient les manuscrits, les annotaient et surveillaient la correction de l’édition dont ils avaient, à la demande d’un atelier ou d’un maître, accepté de prendre la responsabilité ; puis ils préparaient, souvent pour un atelier concurrent, une autre édition qu’ils conduisaient de même à achèvement.

À la même date, « le maître imprimeur cumule fréquemment les fonctions de patron, de prote, de correcteur, voire même de compositeur et d’imprimeur ».

Peu à peu, par suite du développement des ateliers typographiques, par suite des nécessités qui en sont la conséquence, les fonctions se divisent : le maître imprimeur, absorbé par les soucis d’une industrie de plus en plus complexe, devient le patron, le chef, auquel les exigences de la clientèle, les relations avec l’extérieur ne permettent plus que de connaître dans ses grandes lignes la direction de l’atelier ; sous la pression de besoins nouveaux et impérieux, « le prote se transforme en ce qu’il est encore aujourd’hui : un ouvrier actif et intelligent, choisi par le patron pour diriger le travail des compositeurs ses anciens confrères » ; à défaut du maître imprimeur, le prote assume le soin de la correction.

Mais, un jour, « débordé par la multiplicité de ses attributions, le prote, lui aussi, doit se décharger d’une partie de l’énorme responsabilité qu’elles entraînent : il abandonne tout ce qui concerne la correc-