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tement sans prétention, mais assez confortable. Lorsque j’en descendis, après m’être débarrassée de mes habits de voyage et avoir fait une toilette digne de lady Ashby, elle me conduisit dans la chambre que je devais occuper lorsque je voudrais être seule, ou qu’elle serait obligée de recevoir des visites, ou de demeurer avec sa belle-mère, ou privée de toute autre façon de jouir du plaisir de ma société. C’était un joli et tranquille petit salon, et je ne fus pas fâchée d’être pourvue d’un tel endroit de refuge.

« Une autre fois, me dit-elle, je vous montrerai la bibliothèque. Je n’ai jamais examiné ses rayons, mais je puis dire qu’elle est pleine de bons livres. Vous pourrez aller vous y enterrer toutes les fois qu’il vous plaira. Maintenant, il faut que vous preniez un peu de thé. Il sera bientôt l’heure de dîner ; mais j’ai pensé que, comme vous étiez habituée à dîner à une heure, vous aimeriez mieux prendre une tasse de thé à ce moment-là, et dîner lorsque nous goûtons. Puis, vous savez, vous pouvez vous faire servir votre thé dans cette chambre, et vous éviterez ainsi de dîner avec lady Ashby et sir Thomas, ce qui serait impoli… non, pas précisément impoli… mais… vous savez ce que je veux dire. J’ai pensé que vous n’aimeriez pas à dîner avec eux, d’autant plus que nous avons quelquefois d’autres ladies et gentlemen à dîner.

— Certainement, dis-je, j’aimerai mieux dîner comme vous dites ; et, si vous n’y voyez pas d’objection, je préférerais prendre tous mes repas dans cette chambre.

— Pourquoi ?

— Parce que, j’imagine, ce serait plus agréable à lady Ashby et à sir Thomas.

— Mais nullement.

— Dans tous les cas, cela me serait plus agréable, à moi. »

Elle fit quelques petites objections, mais céda bientôt ; et je pus voir que la proposition lui apportait un grand soulagement.

« Maintenant, venez au salon, dit-elle. Voilà la cloche qui sonne la toilette ; mais je ne pars pas encore : il est inutile que vous fassiez de la toilette quand il n’y a personne pour vous voir, et j’ai besoin de causer encore un peu avec vous. »

Le salon était assurément une pièce imposante et très-élégamment meublée. Je vis le regard de sa jeune propriétaire se porter sur moi lorsque nous y entrâmes, comme pour remarquer si j’étais éblouie par cette magnificence, et je réso-