Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/581

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bonne. Je ne vous demande pas d’ôter de mes épaules tous les soucis et les devoirs de la fortune ; mais je vous demande de partager le fardeau, et de me montrer comment je dois faire pour en porter convenablement ma part. Votre jugement est juste, votre cœur est bon, vos principes sont sains. Je sais que vous êtes sage, je sens que vous êtes bienveillant, je crois que vous êtes consciencieux. Soyez mon compagnon à travers la vie, soyez mon guide dans les choses que j’ignore, soyez mon maître pour me corriger de mes défauts, soyez mon ami toujours !

— Avec l’aide de Dieu, je serai tout cela ! »



Voici encore un passage du livre de Moore : si vous l’aimez, lecteur, lisez-le ; si vous ne l’aimez pas, laissez-le :

Les Sympson sont partis ; mais non avant découvertes et explications. Mes manières ou mes regards doivent avoir trahi quelque chose ; j’étais calme, mais j’oubliais quelquefois d’être sur mes gardes. Je demeurais dans la chambre plus longtemps que d’habitude ; je ne pouvais vivre hors de sa présence ; j’y revenais, je m’y réchauffais, comme Tartare au soleil. Si elle quittait le parloir, instinctivement je me levais et le quittais aussi. Elle me gronda à ce sujet plus d’une fois : je le faisais avec une vague idée d’obtenir d’elle un mot dans le vestibule ou ailleurs. Hier, vers le soir, je l’eus auprès de moi pendant cinq minutes à côté du feu ; nous étions assis à côté l’un de l’autre, elle me raillait, et je me délectais au son de sa voix ; les jeunes ladies passèrent et nous regardèrent : nous ne nous séparâmes point. Un instant après elles repassèrent et nous regardèrent encore ; mistress Sympson vint : nous ne bougeâmes pas. M. Sympson ouvrit la porte de la salle à manger ; Shirley lui lança le payement de son espionnage ; elle crispa sa lèvre et secoua sa chevelure. Le regard qu’elle lui jeta contenait à la fois une explication et un défi ; il disait : « J’aime la société de M. Moore, et je vous défie de le trouver mauvais. »

Je lui demandai : « Avez-vous l’intention de lui faire comprendre où en sont les choses ?

— Oui, me répondit-elle ; mais je laisse le développement au hasard. Il y aura une scène ; je ne la cherche ni ne la crains :