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— J’ai songé à tout. »

Caroline tomba dans un long accès de rêverie silencieuse, mais elle marcha cependant avec son guide ; ils arrivèrent en vue de Briarmains.

« Avez-vous pris votre parti ? » demanda-t-il.

Elle garda le silence.

« Décidez-vous. Nous sommes juste sur les lieux. Je ne veux pas le voir, je vous le dis, excepté pour lui annoncer votre arrivée.

— Martin, vous êtes un singulier garçon, et ceci est une étrange démarche. Mais tout ce que j’éprouve est et a été depuis longtemps étrange. Je le verrai.

— Vous n’hésiterez ni ne vous rétracterez ?

— Non.

— Nous y voici donc. N’ayez pas peur en passant devant la fenêtre du parloir ; personne ne vous verra. Mon père et Mathieu sont à la fabrique, Marc est à l’école, les servantes sont à la cuisine, miss Moore est au cottage, ma mère est dans son lit, et mistress Horsfall en paradis. Voyez, je n’ai pas besoin de sonner : j’ouvre la porte ; le corridor est vide, l’escalier tranquille, et aussi la galerie ; la maison entière et ses habitants sont sous un enchantement que je ne romprai que lorsque vous serez partie.

— Martin, j’ai confiance en vous.

— Jamais vous n’avez dit une meilleure parole. Laissez-moi prendre votre châle ; j’en secouerai la neige et le ferai sécher. Vous avez froid et vous êtes mouillée, ne vous inquiétez pas de cela ; il y a du feu là-haut. Êtes-vous prête ?

— Oui.

— Suivez-moi. »

Il laissa ses souliers sur le paillasson, et monta l’escalier pieds nus ; Caroline se glissa auprès de lui d’un pas léger : il y avait une galerie, puis un passage ; au bout de ce passage, Martin s’arrêta devant une porte et frappa. Il fut obligé de frapper deux, et même trois fois ; une voix connue de l’une des deux personnes présentes dit à la fin :

« Entrez. »

Le jeune garçon entra lestement.

« Monsieur Moore, une lady est venue demander de vos nouvelles ; aucune des femmes n’était là ; c’est jour de lessive, et les servantes sont plongées dans l’eau de savon jusque par--