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— Oui. Votre nom est dans toutes les bouches.

— Il honore les lèvres entre lesquelles il passe ; puisse-t-il aussi les purifier !

— Est-ce cet homme qui a le pouvoir de vous influencer ?

— Plus que tous ceux dont vous avez plaidé la cause.

— Est-ce lui que vous voulez épouser ?

— Il est beau, il est brave, il est résolu.

— Vous osez me déclarer cela en face ? Ce misérable Flamand ! ce vil marchand !

— Il a du talent, il est aventureux et plein de courage. Il a le front d’un prince et la démarche d’un maître.

— Elle se glorifie en lui ! Elle ne cache rien. Pas de honte, pas de crainte !

— Quand on prononce le nom de Moore, on ne doit avoir aucune idée de honte ni de crainte. Les Moore ne connaissent que l’honneur et le courage.

— Je dis qu’elle est folle.

— Vous m’avez mise hors de moi par vos sarcasmes ; vous m’avez exaspérée par vos provocations !

— Ce Moore est le frère du précepteur de mon fils. Permettriez-vous qu’un homme dans cette position vous donnât le nom de sœur ? »

L’œil de Shirley brilla d’un éclat particulier ; elle le fixa sur son interlocuteur.

« Non, non, dit-elle. Pas pour un royaume ! pas pour un siècle d’existence !

— Vous ne pouvez séparer le mari de sa famille.

— Quoi alors ?

— Vous serez la sœur de Louis Moore.

— Monsieur Sympson… Ces nauséabondes altercations me font mal au cœur ; je ne les supporterai pas plus longtemps. Vos pensées ne sont pas mes pensées, vos vues ne sont pas mes vues, vos dieux ne sont pas mes dieux. Nous ne voyons pas les choses sous le même aspect ; nous ne les mesurons pas à la même mesure ; nous parlons à peine la même langue. Séparons-nous.

— Ce n’est pas, reprit-elle vivement excitée, ce n’est pas que je vous haïsse ; vous êtes une bonne espèce d’homme ; peut-être avez-vous d’excellentes intentions : mais nous ne pouvons nous entendre ; nous sommes toujours en désaccord ! Vous m’ennuyez avec vos petites intrigues, avec votre misé-