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Ce qu’il lut, elle le répéta : elle prit son accent en trois minutes.

« Très-bien ! fut le commentaire approbateur à la fin du morceau.

— C’est presque le français rattrapé, n’est-ce pas ?

— Vous ne pourriez écrire le français comme autrefois, j’en suis sûr ?…

— Oh ! non. Je ferais maintenant d’étranges mots de ma composition.

— Vous ne pourriez composer le devoir de La première femme savante.

— Vous rappelez-vous encore cette vieillerie ?

— Jusqu’à la dernière ligne.

— J’en doute.

— Je m’engage à vous le répéter mot pour mot.

— Vous vous arrêteriez court à la première ligne.

— Défiez-moi à l’épreuve.

— Je vous défie. »

Il récita le morceau suivant :



 

Et il arriva que, lorsque les hommes commencèrent à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles furent nées parmi eux, les fils de Dieu virent les filles des hommes et les trouvèrent belles, et ils les choisirent pour leurs femmes.


C’était au commencement du temps, avant que les étoiles fussent placées au firmament, et lorsqu’elles chantaient encore ensemble.

Cette époque est si reculée, le brouillard et la brume des temps l’enveloppent d’une si vague obscurité, que tout trait distinct de coutumes, toute ligne de démarcation de localité, échappent à la perception et défient les recherches. Il suffit de savoir que le monde existait alors ; que des hommes le peuplaient ; que la nature de l’homme, avec ses passions, ses sympathies, ses peines, ses plaisirs, animait la planète et lui donnait une âme.