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qu’ils firent avec une ardeur enthousiaste. L’ennemi fut foudroyé, son psaume interrompu. Sous le rapport du bruit, il était terrassé.

« Maintenant, suivez-moi ! s’écria Helstone, non à la course, mais d’un pas ferme et vif. Soyez fermes, enfants et femmes, soutenez-vous les uns les autres ; tenez-vous par les pans de vos vêtements, si c’est nécessaire. »

Et il marcha en avant d’un pas si roide et si déterminé, et il fut en outre si bien secondé par les écoliers et leurs maîtres, qui firent exactement ce qu’il leur avait dit et marchèrent avec une ferme et solide impétuosité ; par les vicaires aussi, forcés de faire de même, placés qu’ils étaient entre deux feux, Helstone et miss Keeldar, qui tous deux surveillaient toute déviation avec une vigilance de lynx, et étaient prêts, l’un avec sa canne, l’autre avec son parasol, à réprimer la plus légère infraction aux ordres, que les dissidents furent d’abord étonnés, puis alarmés ; ils reculèrent et se pressèrent en arrière, et, à la fin, ils furent forcés de tourner les talons et de laisser libre le défilé de Royd-Lane. Boultby souffrit un peu dans la mêlée ; mais Helstone et Malone le soutinrent entre eux, et il sortit de la bagarre avec tous ses membres, mais avec une respiration quelque peu gênée.

Le gras dissident qui avait entonné l’hymne fut laissé assis dans le fossé. C’était un marchand de spiritueux, un chef de non-conformistes, et l’on dit qu’il but plus d’eau dans cette après-midi qu’il n’en avait avalé pendant les douze mois précédents. M. Hall avait pris soin de Caroline, et Caroline de lui. Miss Keeldar et M. Helstone se pressèrent cordialement les mains lorsqu’ils eurent glorieusement fait passer toute l’armée à travers le défilé. Les vicaires commençaient à triompher ; mais M. Helstone mit un frein à leur innocente ardeur ; il leur fit observer qu’ils n’avaient jamais eu le bon sens de savoir ce qu’ils devaient dire, et qu’ils feraient mieux de retenir leur langue ; il leur rappela qu’ils n’avaient été pour rien dans la conduite de l’affaire.

Vers trois heures et demie, la procession se retourna, et à quatre heures elle était arrivée à son point de départ. De longues lignes de bancs furent placés dans les champs récemment fauchés autour de l’école. Les enfants s’y assirent, et d’énormes paniers couverts de linges blancs et de vases d’étain fumants furent apportés. Avant la distribution des mets, un court