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fère à celle des séraphins ou des chérubins, glisser à travers les perspectives lointaines.

— Vraiment ? quelle vision, je vous prie ?

— Je vois… »

En ce moment la domestique entra brusquement, apportant le thé.

La première partie du mois de mai, comme on l’a vu, avait été belle ; le milieu avait été pluvieux ; mais la dernière semaine, au changement de lune, le temps s’éclaircit de nouveau. Un vent frais balaya les nuages argentés, les chassant vers l’horizon oriental où ils se dissipèrent et disparurent, laissant l’immense voûte derrière eux pure, azurée, et prête pour le règne du soleil d’été. Ce soleil se leva radieux le matin de la Pentecôte. Le rassemblement des écoles fut signalé par un temps splendide.

Le mardi de la Pentecôte était le grand jour pour lequel les deux immenses salles d’école de Briarfield, bâties par le recteur actuel, à peu près entièrement à ses frais, furent nettoyées, lavées, repeintes, et décorées avec des fleurs et des arbres toujours verts, fournis partie par le jardin du recteur, par le domaine de Fieldhead, qui en avait envoyé deux voitures, partie par le domaine de de Walden, qui, plus ladre, n’en avait fourni qu’une brouette. Dans ces deux salles, vingt tables, pouvant recevoir chacune vingt convives, furent dressées, entourées de bancs et couvertes de nappes blanches. Au-dessus de ces tables furent suspendues au moins vingt cages contenant le même nombre de canaris, suivant une habitude du district particulièrement chérie du clerc de M. Helstone, qui affectionnait beaucoup les chansons perçantes de ces oiseaux, dont le chant n’était jamais plus bruyant qu’au milieu de la confusion des langues. Ces tables, il faut le dire, n’étaient point dressées pour les douze cents élèves qui devaient s’assembler des trois paroisses, mais seulement pour les patrons et les maîtres des écoles : le repas des enfants devait avoir lieu en plein air. À une heure, les troupes devaient arriver ; à deux heures, elles devaient être passées en revue ; jusqu’à quatre heures elles devaient parader dans la paroisse ; puis venait le festin, et ensuite le meeting, avec la musique et les discours prononcés dans l’église.

Il faut expliquer pourquoi Briarfield était choisi comme point de rendez-vous et scène de la fête. Ce n’était point parce que