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UN AMANT




PROLOGUE

CHAPITRE PREMIER


1801.


Je reviens d’une visite à mon propriétaire, le seul voisin dont j’aurai à m’occuper ici. Voilà assurément un beau pays ! Je ne crois pas que dans toute l’Angleterre j’eusse pu trouver un endroit aussi complètement à l’écart de la société ! Un parfait paradis de misanthrope ; et M. Heathcliff et moi formons justement la paire qui convient pour nous partager cette désolation. Un gaillard étonnant ! Il ne se doutait pas combien mon cœur brûlait de sympathie pour lui tout à l’heure, tandis que je voyais ses yeux noirs se remuer si soupçonneux sous leurs sourcils, et ses doigts, avec un geste de résolution jalouse, s’enfoncer plus profondément encore dans son gilet, à l’annonce de mon nom.

— M. Heathcliff ? dis-je.