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jours été avide, si ce n’est que ce qu’il saisit d’une main, il le rejette de l’autre.

— Un joli endroit pour s’installer ! dis-je ; ne redoutez-vous pas les conséquences, madame Linton ?

— Pas pour mon ami, répondit-elle ; sa forte tête le tiendra à l’abri du danger. Pour Hindley, oui, un peu ; mais il ne peut pas devenir pire qu’il est, et, à cause de moi, il ne peut lui arriver aucun mal physique. L’événement de ce soir m’a réconciliée avec Dieu et l’humanité. Je m’étais révoltée contre la Providence. Oh j’ai enduré une souffrance très amère, Nelly ! Si cet homme savait combien j’ai souffert, il aurait honte d’assombrir la fin de mon mal avec cet air indifférent. C’est ma bonté pour lui qui m’a poussée à souffrir seule ; si j’avais exprimé l’agonie que souvent je sentais, il se serait mis à désirer son allègement avec autant d’ardeur que moi. N’importe, le mal est fini et je ne veux pas me venger de sa folie ; désormais, j’aurai la force de tout supporter. Quand même la chose la plus basse me frapperait sur une joue, non seulement j’offrirais l’autre, mais je demanderais pardon d’avoir provoqué l’offense : et comme preuve, je vais aller tout de suite faire la paix avec Edgar. Bonne nuit ! Je suis un ange !

Elle me quitta dans cette conviction flatteuse, et je pus apprécier le lendemain le succès de son entreprise. M. Linton, tout en paraissant toujours un peu déprimé par l’exubérante vivacité de Catherine, non seulement avait abjuré sa mauvaise humeur, mais ne risquait même aucune objection à l’idée de la laisser aller avec Isabella à Wuthering Heights dans l’après-midi ; et elle, elle l’en récompensait par un été de douceur et d’affection qui fit pour plusieurs jours de la maison un paradis, maîtres et domestiques profitant également de ce soleil qui brillait sans s’arrêter.