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Mes forces ne me permettaient de faire que de courtes réponses.

Diana prit la parole.

« Voulez-vous dire, demanda-t-elle, que nous vous ayons donné tout ce dont vous avez besoin et que nous puissions vous renvoyer par cette nuit pluvieuse ? »

Je la regardai ; son expression était remarquable et indiquait à la fois la force et la bonté. Je pris courage ; répondant par un sourire à son regard plein de compassion, je lui dis :

« Je me confierai à vous ; quand même je serais un chien errant et sans maître, je sais que vous ne me chasseriez pas loin de votre foyer cette nuit ; et, les choses étant ce qu’elles sont, je n’ai aucune crainte. Faites de moi ce que vous voudrez ; mais excusez-moi si je ne vous parle pas longuement aujourd’hui ; mon haleine est courte, et chaque fois que je parle je sens un spasme.

Tous les trois me regardèrent et demeurèrent silencieux.

« Anna, dit enfin M. Saint-John, laissez-la assise ici et ne lui faites aucune question pour le moment. Dans une dizaine de minutes donnez-lui le reste du lait et du pain. Marie et Diana, suivez-moi dans le parloir, et nous causerons de tout ceci. »

Ils se retirèrent ; bientôt une des dames rentra, je ne puis pas dire laquelle ; pendant que j’étais assise devant la flamme vivifiante du foyer, un engourdissement agréable s’était emparé de moi. La jeune fille donna tout bas quelques ordres à Anna, et, peu de temps après, je m’efforçai, avec l’aide de la servante, de monter l’escalier. On me retira mes vêtements mouillés, et bientôt un lit chaud et sec reçut mes membres engourdis. Je remerciai Dieu et, au milieu d’un inexprimable épuisement, j’éprouvai une joyeuse gratitude.

Je m’endormis bien vite.




CHAPITRE XXIX.


Je ne me rappelle que très confusément les trois jours et les trois nuits qui suivirent mon arrivée dans cette maison ; je pensais peu ; je ne faisais rien. Je sais que j’étais dans une petite chambre et dans un lit étroit. Il me semblait que j’étais attachée à ce lit, car j’y restais aussi immobile qu’une pierre, et m’en