CHAPITRE V
En 1854 la furie impérialiste commençait à se calmer. Depuis longtemps nous correspondions régulièrement avec mon père, une fois par mois. Le port des lettres entre la France et la Belgique coûtait alors un franc. C’était cher, nous ne pouvions écrire plus souvent.
Il nous apprit qu’il avait loué un magasin aux galeries Royales à Bruxelles. Naturellement il s’occupait toujours de politique et de questions sociales. Il était toujours très empressé à recevoir les proscrits qui venaient vers lui.
Il reçut particulièrement Pierre Lachambeaudie lequel resta 6 mois avec lui.
Nous apprîmes aussi que monsieur et madame Texier étaient restés quelques semaines auprès de lui. Dès que ceux-ci eurent trouvé un appartement, ils s’installèrent chez eux, madame et monsieur donnaient des leçons, mais la vie était difficile pour eux.
Les forces de M. Texier étaient si épuisées qu’il tomba malade ; le docteur lui ordonna d’aller habiter à la campagne, ce qu’ils firent. Ils louèrent une petite maison et prirent des élèves ; cela allait un peu mieux financièrement et physiquement ; malgré tout, la santé de notre cher ami était bien compromise.
Ma mère avait eu un moment les intentions d’aller rejoindre mon père à Bruxelles, elle demanda conseil