sur le sort de mon père. Ils nous apprirent qu’il avait pu passer la frontière, grâce à son diplôme de Franc-Maçon ; il s’était dirigé sur Londres où il n’était resté que peu de temps. Ils nous racontèrent que mon père avait aidé à la fuite de M. Huttin, un monsieur très connu dans le mouvement à Orléans (homme supérieur) l’ayant précédé à Londres. Il put organiser avec des amis communs, un moyen de sauvetage assez original et assez compliqué. Ce monsieur partit d’Orléans il alla à pied jusqu’à Étampes, de là il prit le train jusqu’à Paris, où il se cacha chez des amis, pendant quelques jours. Puis il s’en alla de Paris à Dieppe (port marchand). Un ami le fit mettre dans une caisse capitonnée du fond et des côtés. Il fit beaucoup de trous sous le couvercle pour que l’air pénétrât dans l’intérieur de façon que M. Huttin pût respirer. Du côté du couvercle, cet ami inscrivit « fragile », Il accompagna la caisse, à Londres, ils étaient attendus à la gare par mon père et quelques amis. Ils prirent le colis dans une voiture et ils se dirigèrent du côté de l’appartement qu’ils avaient loué pour la circonstance, non loin de la gare. Dès leur arrivée ils ouvrirent la caisse. Il était temps : M. Huttin était presque évanoui. Il fut indisposé quelques jours. Mais après il alla mieux. Il était content, il avait la vie sauve et la liberté. Le voyage aurait été encore plus pénible s’il eût été expédié à Cayenne, comme l’ont été plusieurs de nos amis.
Page:Brocher - Souvenirs d’une morte vivante, 1909.pdf/69
Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE