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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

Nous n’avons revu mon père que beaucoup plus tard.

Ma mère m’emmena, nous allâmes dans les rues, lesquelles étaient très mouvementées. Elle voulait se rendre compte de ce qui se passait ; anxieuse, ne sachant ce qu’était devenu son mari, elle espérait avoir des nouvelles de lui.

Nous nous dirigeâmes du côté du Parvis-de-Notre-Dame où était exposé l’archevêque.

Nous suivîmes la foule, puis en entrant à gauche, entre des colonnes, nous vîmes sous un dais de velours rouge, couché, revêtu de ses habits sacerdotaux, entouré de flambeaux, Mgr. Denis Affre archevêque de Paris.

Paris était bien triste : dans les rues on ne voyait que des tombereaux charriant des morts, les blessés agonisants sur les civières.

De telles choses, on ne les oublie jamais !…

Pour nous rendre dans cette direction, il nous a fallu traverser plusieurs rues garnies de barricades, la circulation était difficile.

À la suite des journées de juin, Cavaignac conserva le pouvoir exécutif. Il constitua un ministère. Son gouvernement fut inéxorable.

La première action de l’assemblée fut de décréter la transportation dans les possessions françaises d’outre-mer, par mesure de sûreté générale, des détenus qui avaient pris part à l’insurrection.

Pierre Leroux et Caussidière s’étaient opposés sans succès à ce vote.