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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

que cinq des nôtres sont tués, parmi lesquels trois sergents. Voici ce qui s’était passé.

Les défenseurs de la République avaient reçu l’ordre d’aller fouiller le Parc qui avait été abandonné depuis la veille par un bataillon de la Garde Nationale et était en ce moment, au pouvoir de l’ennemi.

Une fusillade indiquait qu’on attaquait le Parc sur la gauche et la barricade qui gardait la grand’rue.

Le commandant Naze lançait sa 1re, 2me, 3me compagnies et gardait la 4me en réserve, en la plaçant à l’extrême droite, laquelle était appuyée par un détachement du 234me et du 67me bataillon de la Garde Nationale ; les deux compagnies s’élancèrent, tête baissée, dans le Parc et reprirent les positions perdues la veille, sur la barricade fut arboré le drapeau des défenseurs de la République, déjà percé par deux balles, il y resta jusqu’à la fin du combat, en le plaçant, deux officiers furent tués.

La première compagnie, sous les ordres du lieutenant Lantara, se dirigeait, par ordre du colonel Naze du côté du fort d’Issy, et en prenait possession ; le fort semblait abandonné.

Lantara reçut un parlementaire qui lui ordonnait de rendre le fort dans les 15 minutes, ou qu’il serait passé par les armes. Quoiqu’il ne restât que 23 hommes pour le défendre, le lieutenant ne tint pas compte de cet ordre de reddition, l’ennemi fut repoussé sur toute la ligne.

À la sommation de rendre le fort, le commandant Martin avait répondu aux Versaillais : « Nous ferons plutôt sauter le fort que de le rendre aux royalistes. »