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CINQUIÈME PARTIE

choses pour me couvrir que m’envoyait mon mari. Il nous annonçait aussi qu’une voiture pleine de couvertures et de différents articles de campement allait être distribuée dans quelques instants ; à l’économat on nous préparait une voiture de vivres, après toutes ces tergiversations, au déclin du jour, nous avons reçu nos couvertures et nos objets de campement, mais nous n’avions pas encore d’armes en suffisante quantité. Là j’eus une surprise, on m’avait fait faire une magnifique capote en drap bleu clair, avec des galons dorés, on aimait les choses artistiques dans notre bataillon, cette capote avait surtout le mérite pour moi, de bien m’abriter contre le froid, j’étais heureuse des bonnes intentions que mes amis ont eu pour moi ; pour la dernière fois j’aurai l’occasion de parler du côté décoratif de notre bataillon.

Les défenseurs de la République avaient des tuniques bleu clair, un pantalon large de même couleur avec molletières, mais moins large que ceux des Zouaves, les officiers avaient des tuniques avec revers à la Robespierre sabre au côté et képi rouge avec galons dorés, trois, quatre ou cinq selon le grade. Le costume ne manquait pas d’élégance et il était pratique. Moi, j’avais le costume de drap fin, bleu clair, jupe courte, à mi-jambe, (car on ne peut aller au combat avec des jupes longues, c’est absolument impossible, on ne pourrait pas se mouvoir), corsage ajusté avec revers à la Robespierre, un chapeau mou tyrolien et une écharpe rouge en soie, avec franges dorées en sautoir, un brassard de la convention des ambulances.