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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

les fédérés, ils criaient à la trahison ; une panique affreuse s’en suivit. Ils avaient espéré que le Mont Valérien ne tirerait pas.

La plus grande partie des fédérés fuient à travers champ et regagnent Paris. Le 91me seulement et quelques débris, 12 000 hommes environ gagnent Rueil, peu après Flourens arrive par la porte d’Asnières avec 1 000 hommes à peine.

Les Versaillais surpris par cette sortie n’entrent en ligne que vers les 10 heures du soir. 10 000 hommes furent envoyés dans la direction de Bougival. Des batteries placées sur le côté de Jonchère, Rueil, deux brigades de cavalerie à droite, celle de Gallifet ; à gauche, vers l’aile droite l’avant garde parisienne, une poignée d’hommes firent résistance.

Flourens fut surpris dans Rueil. Las et découragé, il se coucha sur la berge et s’endormit. Cipriani, le premier découvert veut se défendre, il est assommé. Flourens reconnu à une dépêche trouvée sur lui, est conduit sur les bords de la Seine, où il se tient debout, tête nue, les bras croisés. Un capitaine de Gendarmerie, Desmarets, se dressant sur les étriers, lui fend le crâne d’un coup de sabre, si furieux, qu’il lui fit deux épaulettes, dit un gendarme.

Cipriani, encore vivant, fut jeté avec le mort dans un petit tombereau de fumier et roulé à Versailles[1].

À l’extrême gauche Duval avait passé la nuit du 2 avril avec 6 ou 7 000 hommes. Le 3, vers 7 heures, il

  1. Lissagaray. Histoire de la Révolution de 1871. Page 182.