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CINQUIÈME PARTIE

porés dans leur régiment respectif, pour former un bataillon pour la défense de la République. Il demanda à mon mari et à moi, de la part de quelques compagnons de combats si nous voulions faire partie de leur bataillon en formation, on nous faisait demander si nous consentirions à tenir le mess des officiers.

Nous étions un peu hésitants, mon mari m’engagea de dire oui. Il pensait que cela serait mieux que de rester avec nos tristes souvenirs, dans l’inactivité.

Nous avons accepté. Nous fîmes de l’ordre dans notre maison et trois jours après, nous étions installés à la Caserne Nationale, maintenant caserne de la République, à l’angle de la rue de Rivoli et de la place, près de l’Hôtel de Ville.

Une vie nouvelle commençait pour nous, là nous avions une chambre à nous, une magnifique cuisine, une grande salle à manger et une petite cuisine pour le service du personnel, la salle était très propre, il y avait une grande table au milieu, recouverte d’une toile cirée blanche, des tabourets paillés, un dressoir, une sorte de comptoir, une grande glace pendue au mur, sur une console, un buste de la République (en plâtre), lequel était coiffé d’un bonnet phrygien et entouré de drapeaux rouges. C’était tout.

Nous avions alors comme chefs le commandant Naze et les capitaines Martin, Letoux et plusieurs autres officiers et sous-officiers. On m’adjoignit un cuisinier et deux garçons de service, dont un se nommait Adrien Brouiller. Je m’occupais du service général,