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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

lever en masse pour courir sus à l’ennemi ; par ce procédé en 1793 le peuple avait sauvé la France de l’invasion étrangère.

Nous ne désirions pas la guerre, mais lorsqu’on est attaqué, il faut se défendre.

Ce jour-là il m’arriva une histoire assez désagréable.

Notre bataillon avait reçu un appel pour aller au rendez-vous. Le faubourg St-Germain, surtout, le 7me arrondissement n’était pas très content, il ne voulait pas se commettre avec toute la populace des faubourgs.

Le matin de ce même jour nous reçûmes l’ordre de nous réunir à la Cour des Comptes ; j’y suis allée avec ma compagnie. Cependant les chefs laissèrent chacun libre d’agir selon son gré.

Notre capitaine, M. du Q., s’était muni de petits rubans rouges et de petits rubans bleus, il en fit la distribution, lorsque ce fut mon tour, il voulut mettre à ma boutonnière un ruban bleu que je refusai, il parut très étonné, il me demanda pourquoi je ne voulais pas porter ce ruban, je lui répondis qu’étant républicaine, si je voulais faire un choix, je prendrais le ruban rouge, mais que je considérais les insignes de nulle importance, que ce n’était pas la preuve de convictions. Mon capitaine était surpris de mes réflexions, il était même très fâché : « Mon capitaine » lui ai-je dit, si vous insistez, je quitterai la compagnie.

Il me répondit que je n’avais pas le droit de le faire, qu’on pouvait me forcer. J’ai quitté ma compagnie, et je n’y suis jamais retournée. Ainsi finirent mes relations avec la 7me compagnie du 17me. On ne s’est plus