Page:Brocher - Souvenirs d’une morte vivante, 1909.pdf/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
IV

régulièrement, sous prétexte que l’alcool est un aliment dispensant de toute autre nourriture. Car Louis Lazare dit bien que les débitants n’ouvrirent pas un œil plus grand à leur clientèle sous la Commune que sous l’Empire, et que beaucoup d’entre eux rendirent des galons imprudemment acceptés, en se voyant exposés, par reconnaissance, « à vider leurs caves, sans remplir leur caisse[1]. »

Il ne semble pas non plus que Kropotkine ait altéré la vérité, lorsqu’il a déposé : « Je fus frappé de l’influence moralisante exercée par l’Internationale. La plupart des internationalistes parisiens s’abstenaient presque complètement de boire, et tous avaient renoncé à fumer[2]. »

Victorine B…, bien placée, elle aussi, pour savoir à quoi s’en tenir, confirme les déclarations de Nadar, du Dr Bach et de Kropotkine. Cantinière aux avant-postes, elle y a été respectée par des hommes entre deux feux, souvent, — entre deux vins, jamais !

Il était bon que cela fût répété.

Je sais gré à Victorine B… de contribuer à détruire d’autres fables accréditées par Maxime Du Camp et consorts.

Car l’observateur des Convulsions de Paris n’a pas été plus tendre que son confrère ou compère Dumas fils, pour les femmes qui participèrent au mouvement communaliste.

« Elles n’eurent, fulmine-t-il, qu’une seule ambition : s’élever au-dessus de l’homme en exagérant ses vices… Elles furent mauvaises et lâches… Comme ambulancières, elles abreuvèrent les blessés d’eau-de-vie sous prétexte

  1. Louis Lazare. France et Paris, 1 vol. 1872.
  2. Kropotkine. Autour d’une vie.