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QUATRIÈME PARTIE

tard, l’ennemi profite de toutes les circonstances.

Cette défaillance fut grave, néfaste même.

Cependant, le général n’était pas lâche, on le vit continuer la lutte avec acharnement, quoique blessé, il combattit bravement.

Le nombre des morts était considérable dans ces tristes et lugubres journées du 29 au 30 novembre.

1er décembre, proclamation du général Ducrot.

« Après deux journées de glorieux combats, je vous ai fait repasser la Marne, parce que j’étais convaincu que tous les efforts nouveaux, dans une direction où l’ennemi avait eu le temps de concentrer toutes ses forces et de préparer tous ses moyens d’action, seraient stériles.

» En nous obstinant dans cette voie, je sacrifiais inutilement des milliers de braves, et, loin de servir à la délivrance, je la compromettais sérieusement, je pouvais même vous conduire à un désastre irréparable.

» La lutte n’est suspendue que pour un instant, nous allons la reprendre avec résolution ; soyez donc prêts, complétez en hâte vos munitions, en vivres, et surtout élevez vos cœurs à la hauteur des sacrifices qu’exige la sainte cause pour laquelle nous ne devons pas hésiter à donner notre vie. »

Tous les efforts avaient donc échoué ? L’armée française avait perdu 6 030 hommes, dont 414 officiers, les Allemands plus encore, 10 000 cadavres des deux camps allaient être enfouis dans cette terre gelée. Et rien n’était changé dans la situation de Paris. Les blessés étaient nombreux.