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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

mais vous ne me verrez pas reculer ; alors ne vous arrêtez pas, vengez-moi !

» En avant donc, en avant et que Dieu nous protège. »

Cette proclamation lue aux soldats, à la Garde Nationale remonta le courage de la population parisienne. Enfin l’heure désirée par la Garde Nationale va donc sonner. L’enthousiasme était à son comble, cette sortie depuis si longtemps attendue va donc s’opérer. Cette journée fut gaie, les préparatifs furent joyeux, perdre la vie n’était rien pour le peuple parisien, il ne comptait plus avec la mort, mais l’espoir de refouler l’ennemi, de dégager Paris, tout était là.

« La province, disions-nous alors, viendra en aide et nous pourrons encore sauver la France. Pourquoi pas ? Les soldats de la République l’ont bien fait en 93. Valons-nous moins qu’eux ? » J’avoue que j’ai partagé ce rêve.

Malheureusement, on n’osait qu’en tremblant prononcer ce mot de République. C’était ce mot magique qui avait sauvé la situation en 93. Si les hommes qui ont aidé à la chute de l’empire avaient voulu, ils auraient pu le prononcer ; ils auraient pu faire de grandes choses. Le courage et la bonne volonté ne peuvent pas toujours suffire.

Que peut-on contre la trahison, le mauvais vouloir et l’incapacité ? L’imprévoyance fut la moindre faute, de la défense nationale, tout le reste fut à l’avenant.

Pour ces raisons, la guerre a continué comme elle