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QUATRIÈME PARTIE

le canon gronder ; très souvent au milieu de la nuit nous avions de fausses alertes.

Un jour j’avais un terrible mal de dents, je me mis trop près du brasero qu’on avait entré sous notre tente, pour la circonstance, j’étais si fatiguée que la chaleur m’endormit, cela m’avait rendue malade. Je ne sais ce qui est arrivé, mais le lendemain matin à l’aurore, je me suis éveillée et je fus toute surprise de me trouver en plein air en dehors de la tente, couchée sur un lit improvisé, composé de fusils sur lesquels on avait mis de la paille et des couvertures dans lesquelles j’étais roulée. Il est probable que le gaz m’avait asphixiée, petit à petit, l’air m’a remise sans doute, et je me suis réveillée. On m’a réconfortée ; après cela j’allais mieux, mon malaise ne laissa pas de suite.

Sous la tente on avait tendu une toile pour me faire un refuge comme un rideau, pour que je pusse me reposer de temps en temps, lorsque c’était possible ; le repos pris pendant la guerre était rare ; à tout instant il y avait de fausses nouvelles, des alertes vraies ou feintes ; alors tous étaient sur pied. Je ne me déshabillais que rarement, lorsque j’allais chez moi, naturellement, malgré maillot et passe-montagne, j’avais bien froid, mais dès qu’on était en marche cela passait.

Le 28 novembre, proclamation du général Ducrot. Je n’en cite que le dernier fragment.

« Pour moi je suis bien résolu, j’en fais le serment devant la France entière ; je ne rentrerai dans Paris que mort ou victorieux, vous pourrez me voir tomber,