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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

M. Jules Favre : « La nécessité du salut public a motivé la création immédiate du gouvernement de la défense nationale, composé de tous les députés de Paris. »

L’assemblée s’est ajournée à 8 heures du soir pour entendre les rapports des délégués.

Le général Trochu est chargé de pleins pouvoirs militaires, pour la défense nationale.

La proclamation de la République, ce rêve cher de mon enfance, allait donc enfin se réaliser, j’étais si heureuse.

La foule se dirigea vers l’Hôtel de Ville, les abords du Palais Bourbon se dégageaient petit à petit, tout le monde paraissait joyeux dans cet après midi ; seuls, les agents de police faisaient une triste figure, ils ne savaient plus que faire (ils avaient été tellement chauffés à blanc par l’empire). Ils n’ignoraient pas qu’ils étaient profondément détestés. À leur tour ils eurent peur. Quelques-uns ont crié : Vive la République ! L’enthousiasme était si grand, que le peuple était tout à la joie ; de-ci, de-là, il y eut quelques extravagances, mais ce fut peu de chose ; deux ou trois agents de police qui avaient des ennemis personnels, furent jetés à l’eau, dit-on, mais aucun ne périt. Les manifestations vengeresses que j’ai vues de mes yeux, se sont bornées à faire disparaître tous les emblèmes de l’empire. J’ai vu une troupe de gamins de Paris, qui, s’étant procuré instantanément des cordes et des échelles, se mirent en mesure de démonter l’aigle impérial, qui était au-dessus de l’imprimerie du Journal Officiel. Après