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TROISIÈME PARTIE

Toute la France se préparait au combat.

À Paris, on ne voyait que soldats, revues, enfin toute l’agitation de circonstance. Il fallait bien mettre en branle les Français, et les disposer à se ruer sur leurs frères de misère.

Le 9 août, nous apprenons que nous venions de perdre trois batailles, malgré cela, les agents soldés par l’empire parcouraient les rues en criant à tue-tête : À Berlin. À Berlin ! Cela excitait le peuple, et amenait tous les jours des troubles.

Le 10 août, malgré Blanqui, il y eut une attaque contre le poste des pompiers de la Villette, Eude, Tridon et leurs amis s’emparèrent du poste et enlevèrent les armes.

Ce même jour, une France nouvelle se leva, celle des travailleurs parisiens, non cette lie chauvine, vivant d’aumones, non celle qu’on appelle piliers d’église, ou celle qui n’a de conviction politique que pour qui les paye, déclassés de tous les milieux, principaux agents recrutés par l’empire, pour former les émeutes.

Un certain nombre de citoyens convaincus, s’était donné rendez-vous à la Corderie (parmi eux il y avait plusieurs membres de l’Internationale). Ils se groupèrent et descendirent sur le boulevard, se dirigeant vers la place de la République (alors place du Château d’eau) ; chemin faisant, la colonne grossit à vue d’œil. Ils veulent barrer le passage à la horde d’agents provocateurs.

On crie : Vive la paix ! on chante le refrain de 1848

Les peuples sont pour nous des frères.
Et les tyrans des ennemis !