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TROISIÈME PARTIE

Les premiers jours de janvier, il tomba de nouveau malade, le médecin venait plusieurs fois par jour, l’enfant était toujours souriant ; un soir, il m’appela et me dit :

— Petite mère, je vais mourir.

— Tais-toi, lui dis-je, dors mon chéri, ne dis pas de si vilaines choses, tu ne mourras pas. Tu nous fais de la peine, lorsque tu dis des bêtises.

Je voulais qu’il restât tranquille, je pensais que c’était un caprice d’enfant. Je l’ai même un peu grondé pour qu’il s’endormît.

Il me réitéra les mêmes paroles, enfin il s’endormit, sa respiration était assez régulière, rien ne semblait inquiétant ; il aura eu un mauvais rêve sans doute, pensais-je.

Pourtant je n’étais pas rassurée, je me reprochais de l’avoir grondé, il avait l’air si fâché contre moi ; j’attendais le jour avec anxiété pour dissiper mes tristes pensées. Si cela était vrai, s’il allait mourir ; j’en deviendrais folle.

À son réveil, il ne paraissait pas plus mal ; mais lorsque je lui fis sa toilette, je m’aperçus qu’il avait la jambe gauche paralysée, je fus foudroyée. Il me dit « Petite mère, si je meurs, n’est-ce pas, tu mourras aussi ? »

Vers les trois heures, ce même jour, il eut une crise, le docteur prévenu, vint en hâte, il ordonna une potion. S’il prend à temps cette médecine l’enfant pourra être sauvé.

Immédiatement mon mari partit.