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DE M. FRANCISQUE BOUILLIER

n’aient à faire approuver quelques changements dans leurs statuts.

Dans l’ouvrage qu’il publia en 1879, l’Institut et les Académies de province, sous le même titre que la brochure de 1857, M. Bouillier, avec une opiniâtreté invincible, reprend les mêmes idées en les appuyant d’arguments nouveaux. Rien ne l’arrête, ni la difficulté d’obtenir d’un ministre qu’il abandonne une parcelle de son pouvoir, ni la crainte de surcharger d’un travail nouveau l’Institut déjà si occupé, ni tant d’autres obstacles. Nous ne le suivrons ni dans les critiques assez vives qu’il dirige contre l’organisation actuelle du Congrès des Sociétés savantes, ni dans le détail très minutieux des dispositions nouvelles qu’il propose d’y substituer. Mais il est un trait curieux de la physionomie de M. Bouillier que révèlent déjà ses autres écrits et que ces pages mettent dans une plus éclatante lumière, c’est sa confiance dans la vérité, son amour pour la science et son zèle pour tous les travaux de l’esprit. La quiétude, la routine, l’inertie n’ont pas d’ennemi plus déclaré. C’est merveille de voir comme il veut susciter toutes les recherches, découvrir toutes les aptitudes, stimuler toutes les bonnes volontés, récompenser le mérite sous toutes ses formes, encourager les talents dans toutes les directions. En dépit de son rigorisme et de son humeur un peu chagrine et malgré toutes ses réserves, il a foi au progrès. Dans l’éternelle querelle des Anciens et des Modernes, c’est pour les Modernes qu’il prend résolument parti. Il parle comme Bacon, Fontenelle ou Condorcet. Il est bien un fils du xviiie siècle. Il ne conçoit pas de plus noble tâche que de travailler au progrès des lumières et au bonheur du genre humain.

En 1888, l’Académie des Sciences morales et politiques le choisit pour son président. La mort prématurée de Fustel de Coulanges l’obligea à exercer la présidence pendant deux ans, sans passer par l’apprentissage de la vice-présidence. Il eut souvent à prendre la parole : à la séance publique annuelle, à la réception du duc d’Aumale, au banquet en l’honneur de J. Simon, à la célébration du cinquantenaire de Barthélémy Saint-Hilaire, et sur la tombe des confrères, Hippolyte Carnot, Beaussire, Rosseuw Saint-Hilaire, Lucas, Havet, Fustel de Coulanges. Il a réuni tous ces discours sous ce titre : Deux années de Présidence à l’Académie des Sciences morales et politiques.

C’est lui qui, en 1893, eut la première idée de la célébration du centenaire de l’Institut. Il fut, comme l’a reconnu J. Simon, le premier promoteur de cette idée, et la brochure qu’il publia : le