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XIX
INTRODUCTION

Hamelin qui approuvait d’ailleurs ses prémisses, aurait-il dû plutôt la rapprocher de la doctrine spinoziste ? Une étude inédite[1], que Brochard avait écrite peu avant sa mort et qui trouve place dans le présent recueil, permettra finalement de décider.

Dans l’ensemble des travaux que Brochard a consacrés à la philosophie ancienne, il convient, ce me semble, de mettre au premier plan ses diverses études sur Platon ainsi que ses articles sur la théorie du plaisir et la morale d’Épicure. Brochard s’est visiblement complu dans le platonisme, dont il a fait à diverses reprises l’objet de son enseignement[2] ; et le platonisme a comme reconnu cette complaisance en lui fournissant d’éclatantes occasions de montrer à quel point il était également capable de garder l’esprit ouvert et de résister à l’entraînement des nouveautés. On sait que Ed. Zeller avait prétendu discerner dans le Théétète et dans les dialogues dit dialectiques des ouvrages qui, par la polémique et la critique, éprouvaient et vérifiaient la doctrine déjà sommairement exposée dans le Phèdre et destinée à être par la suite plus largement développée dans le Banquet, le Phédon, le Philèbe et la République. Zeller avait maintenu sa position avec autant d’opiniâtreté que de science contre les interprétations de textes et les hypothèses qui de divers côtés la menaçaient. Au début même de ses études sur le platonisme, Brochard, tout en reconnaissant la grande valeur de l’œuvre de Zeller, semble s’être, au moins discrètement, émancipé de son autorité, puisque dans ses leçons de la Sorbonne de 1893[3], faisant ressortir l’évolution de la morale platonicienne, il avait indiqué que le Théétète et le Sophiste sont pour la

  1. P. 239-251.
  2. Voir la reproduction abrégée des leçons de Brochard sur Platon dans la Revue des cours et conférences, 1893 (t. II), 1890-1897, 1901-1902 (t. I). — La même Revue a reproduit des leçons de lui sur Socrate 1892-1893 (t. I), 1900-1901, sur la morale d’Aristote et celle d’Épicure, 1893-1894 (t. I), sur la morale des Épicuriens et des Stoïciens (1902-1903).
  3. Voir Couturat, Sur l’évolution historique du système de Platon, Bibliothèque du Congrès international de Philosophie de 1900, t. IV, p. 147, note.