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PHILOSOPHIE ANCIENNE

τὸ θνητὸν τῆς ψυχῆς que les dieux inférieurs ont formée. Elle se subdivise en deux parties : l’une est le courage ou θύμος qui siége dans la poitrine ; l’autre est ἐπιθυμία ou le désir, et elle est située dans le bas-ventre. On se souvient du mythe de Phèdre et des comparaisons célèbres à l’aide desquelles Platon illustre sa théorie des diverses facultés de l’âme, théorie dont Aristote gardera l’essentiel et par laquelle Platon introduit une grande nouveauté dans l’histoire de la pensée grecque. En effet, jusqu’à Socrate, on ne considérait dans l’âme que la participation à la raison. Et c’est pourquoi Socrate disait que la vertu n’est autre chose que la science. Platon, au contraire, en plaçant une âme inférieure sensible au-dessous de l’âme intelligente, réussit à s’expliquer comment la vertu et le vice peuvent être autre chose que l’ignorance, c’est-à-dire des manières d’être positives, susceptibles de coexister avec la connaissance vraie.

Là encore où Platon s’est montré original et même absolument novateur, c’est quand il a démontré que l’âme de l’homme ne saurait périr. C’était là une croyance enseignée par la religion populaire, peut-être même propagée par les traditions orphiques. Il ne paraît point, toutefois, que cette croyance se soit imposée aux esprits cultivés d’Athènes. On se souvient du doute exprimé par Socrate dans l’Apologie lorsque, pour justifier son attitude impassible devant la mort prochaine, il admet que la mort ne saurait être un mal. De deux choses l’une en effet : ou cette mort est un passage à une vie meilleure, ou elle est un sommeil éternel. Il y a tout lieu de penser que ces doutes prêtés à Socrate, au Socrate de l’histoire, ne lui ont pas été prêtés gratuitement. Quant au Socrate des dialogues de la grande époque et de ceux qui les préparent, il sera, lui, nettement affirmatif, car il sera l’interprète fidèle de la vraie pensée de Platon. Il parlera de l’immortalité de l’âme à plusieurs reprises. Et dans le Phédon il ne parlera guère d’autre chose. Indiquons brièvement comment la doctrine de l’âme immortelle se rattache à la théorie des Idées.

Dans le Phèdre l’immortalité de l’âme est déduite de sa définition. L’essence de l’âme n’est elle pas de se mouvoir toujours ? Donc, pour que l’âme cessât d’être, il faudrait