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De l’orgueilleux César à la Bonne Duchesse,
Sur les envahisseurs vous avez vu courir
Ceux dont la liberté fut la seule richesse,
Et qui, brisant leur joug, criaient : Plutôt mourir !

Jours anciens, jours sacrés ! Alors, puissantes gardes,
S’élevaient de grands bois autour des grands châteaux ;
Les salles résonnaient aux voix mâles des bardes,
Et la voûte des bois aux concerts des oiseaux.

Les châteaux sont détruits et nue est la campagne,
Des chanteurs sans abri les accords ont cessé ;
L’ardent souffle s’éteint au cœur de la Bretagne,
Et partout l’intérêt jette un souffle glacé.

Sortez d’entre les morts, hommes des anciens âges !
Mettez en nous la force et les simples penchants !
Ah ! plutôt que vieillis, conservez-nous sauvages,
Comme aux jours où les cœurs s’animaient à vos chants !
 
Moi, je dévoue encore aux divines colères
Les profanations de cet âge insensé,
Avare destructeur des chênes séculaires
Et des sombres granits, ces témoins du passé !…

II

Ah ! le grand destructeur arrive ! Sous la nue
Une lourde vapeur annonce sa venue :

C’est un dragon de fer, un monstre aveugle et sourd,
Sans ailes, — ce dragon ne vole pas, il court ;