Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.

 
Sur lui les jeunes gens fixaient leurs yeux de flammes ;
Et les vieillards pensifs, les blonds enfants, les femmes,
Tels ceux-là qu’instruisit l’apôtre bien-aimé,
Savouraient ce discours, comme un miel embaumé.

Il reprit : « Aimez-vous avec des âmes pures,
Et surtout aimez Dieu, vous tous ses créatures.
Oh ! combien de motifs, marins et campagnards,
De tourner vers le ciel votre âme et vos regards !
Comme un père est heureux s’il a pour sa famille
Le pain qui la nourrit et le lin qui l’habille,
Lui, le père céleste, il vous a tout donné :
Le grain germe en vos champs dès que l’heure a sonné ;
Il s’élève, il mûrit, et vos granges sont pleines ;
Brebis sur vos coteaux et moissons dans vos plaines,
Tout abonde ; la mer, immense réservoir,
D’innombrables poissons pour vous sait se pourvoir ;
Vos barques sur ses flancs passent comme des reines :
Que vos bonheurs sont grands, si grandes sont vos peines !
Mais aimez le travail, c’est lui qui vous rend forts.
Tirez même un orgueil permis de vos efforts :
L’animal par instinct trouve sa nourriture,
L’homme, tel qu’un tribut, l’arrache à la nature.
Et vous, mes paroissiens d’un jour, que des ennuis
Autant que les plaisirs sur nos bords ont conduits,
Laissez-vous pénétrer par leurs charmes austères :
Tout entiers plongez-vous dans les eaux salutaires,
Et quand de la cité vous prendrez les chemins,
Plus riches des bienfaits répandus par vos mains,
Saluez d’un adieu d’amour et d’espérances
Le grand réparateur de toutes les souffrances. »
Bientôt le saint vieillard devant l’autel chantait :