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Devant lui s’avançaient sous les branches fourrées !
Chevreuils libres et fiers, de leur gîte accourus
Contre ce vil flatteur de l’homme, cet intrus.

Nous le vîmes alors couché dans son étable,
Sans plus songer à l’heure où se dressait la table,
Seul, triste, loin des chiens, tout entier à son mal,
Haïssant à la fois et l’homme et l’animal ;
Par accès s’élançant, dans ses colères mornes,
Contre les visiteurs qu’il frappait de ses cornes :
De tristesse et de crainte il emplit le manoir,
Pauvre bête, et mourut ainsi de désespoir !…
À sa franche nature, oh ! laissez donc chaque être,
Laissez-le vivre en paix aux lieux qui l’ont vu naître !

VIII

À LA TOMBE DE RENÉ

Les pèlerins de l’art longtemps, sur ces îlots,
Viendront mêler leur plainte à la plainte des flots.
Dors heureux ! d’un côté c’est la grève natale,
Et de l’autre la mer brumeuse, occidentale ;
Dors, René, dans ton île aux cris tumultueux,
Troublés comme tes chants et sonores comme eux ;
Et, la nuit, lentement lève ta pierre blanche,
Quand vers toi Velléda, génie en pleurs, se penche :
Cymodocée aussi, ta fille, pleure là,
Et la pâle Amélie et la sombre Atala.