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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Le soir, une dame âgée m’a amusée par son franc parler et son originalité. (C’est une figure assez rare parmi les femmes du Nouveau-Monde.) Madame Duncan est temporelle, mais elle a de l’esprit, de l’originalité, le courage d’être ce qui lui plaît, même quant au costume. La blouse de velours rouge qui flottait autour d’elle sans ceinture, comme un vaste manteau, que ce soit convenable ou non en compagnie, allait parfaitement à sa haute et forte taille et lui donnait un air royal.

Si le temps s’éclaircit dans l’après-dînée ou demain, M. Harrison me conduira au marché des esclaves, l’un des grands spectacles de la « joyeuse ville. » Je commence à pressentir pourquoi j’ai été obligée de descendre le Mississipi et d’aller à la Nouvelle-Orléans.

Le 27 décembre.

Troisième jour de pluie et de froid, et pire que les jours précédents, car il tombe de la neige. Mais je me porte bien, je suis maîtresse de moi dans ma jolie chambre, et j’ai de nouveau eu de ces jours de printemps intérieurs qui me surprennent parfois au milieu de l’hiver.

Je t’embrasse ainsi que ma mère avec toute la plénitude de mon cœur, et je vais faire partir cette lettre ; il y a longtemps que je n’en ai pas adressé à la maison.

P.S., 28 décembre.

Enfin une belle et claire journée. Il faut maintenant de l’activité, pour voir les asiles, les écoles, les prisons, et aller aussi dans les plantations.