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— Misérable ! bafouilla-t-elle, au paroxysme de l’énervement.

— Misérable ? non, mais bien malheureux, et malheureuse vous-même. Pourquoi avez-vous tenu à confirmer par des actes, ce que j’ai pu vous dire ?

— J’ai voulu vous prouver que bon sang ne peut mentir… Mes aïeux se battaient pour venger l’affront… Je les ai imités.

— Vos aïeux combattaient non par orgueil, mais pour défendre leur honneur, cet honneur qu’ils vous ont légué, et que vous venez de souiller par un parjure devant les autels où ils ont monté la garde !

Elle suffoquait. Paul l’éclairait trop rapidement sur l’action qu’elle avait commise. Elle fit un geste comme pour se défendre. Il poursuivit, désespéré :

— Alix, si votre présence auprès de moi n’a pas eu le pouvoir de me donner la souffrance que vous escomptiez, les moyens que vous avez employés pour entrer dans ma vie l’ont fait… La douleur de mon amour lacéré me paraît tolérable à côté de votre avilissement qui me broie.

Alix laissa échapper une plainte et chancela. Paul s’avança instinctivement et reçut sa femme évanouie dans ses bras. Il la retint un moment, puis doucement il la déposa sur son lit, et s’agenouillant près d’elle il la regarda avidement.

— Si je n’étais pas chrétien, gémit-il, je la tuerais pour ensuite me donner la mort.

Il se releva. Mais avant de quitter cette chambre interdite pour lui, il se baissa sur le visage si pâle, si beau sur le blanc de l’oreiller, et sa bouche se