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— C’est cela la vengeance ! Es-tu satisfaite ? Jouis alors et vite, car n’oublie pas que cet homme a dit : « Vous possédez le pouvoir de me tuer sans me toucher. » Regarde-le. Est-ce déjà fait ?

Elle eut un cri presque inquiet :

— Paul !

Il se redressa. Déjà elle s’était ressaisie.

Avec effort, l’architecte passa sa main sur son front. Puis se levant il fit quelques pas dans la direction de sa femme.

— Pourquoi avoir fait cela, demanda-t-il à nouveau…

— Je vous l’ai dit ! répliqua-t-elle avec défi.

Il secoua la tête.

— Ne saviez-vous pas que vous pouviez, mieux me faire souffrir de loin ? La seule pensée de vous avoir vue au bras d’un autre, me rendait fou. Aujourd’hui que vous êtes à moi, qu’importe le reste ! Ah qu’importe la souffrance !

Alix devint de marbre. Comment, une partie de sa vengeance lui échappait ! Les yeux effrayés, elle regarda Paul comme si elle le voyait pour la première fois. Soudain, elle se tordit les mains, et les portant à sa bouche, elle cria, la voix rauque :

— Allez-vous-en !

— Pourquoi, je suis ici chez moi ! N’avez-vous pas dit que vous désiriez me voir près de vous pour me frapper ? Contentez-vous !… fit-il, en offrant sa poitrine.