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— Ma chambre, s’écria-t-elle, les yeux flamboyants, je vous défends d’en jamais franchir le seuil ! Ah, vous avez cru à une entente Paul Bordier ? Vous êtes naïf ! Si j’ai voulu entrer dans votre vie, sachez que c’était pour être plus près de vous, afin de mieux vous torturer. Les lanières plombées atteignent mieux une poitrine à notre portée !

Paul regardait sa femme, et hagard il bégaya :

— Vous… vous… avez fait cela… Vous m’avez épousé dans ce but…

— Oui, et je m’en glorifie ! Vous apprendrez ce qu’il en coûte d’outrager l’orgueil d’une de Busques !

— Malheureuse ! et rien ne vous a arrêté ! De quoi êtes-vous donc faite !

Tout se mit à tourner autour de l’infortuné, il lui semblait qu’un mouvement de valse l’entraînait. Mais Alix n’était pas dans ses bras, elle dansait lentement, seule, devant lui, et, d’une cravache armée de fer qu’elle tenait à la main, elle lui frappait, la figure en riant. Jamais elle n’avait été si belle.

Il eut un frémissement convulsif de tout son corps, ses traits se creusèrent et il s’effondra dans un fauteuil.

Alix regarda, triomphante, cet homme écrasé devant elle, mais sa joie méchante se ternit presque aussitôt par le remords qui vint la toucher.

Paul redressa le buste, mais sa tête se renversa sur le dossier de son siège. Il demeura les yeux clos, la respiration haletante.

Dans une pose galvanisée, Alix contemplait son œuvre. Une voix intérieure lui cria :