Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/254

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 250 —

Paul devina un sentiment de jalousie chez sa femme à l’égard de Luce, ce qui lui causa une joie troublante ; pourtant, il ne voulut pas exploiter sa découverte, même pour s’assurer si cette jalousie était motivée par quelque chose qui ressemblait à de l’amour. Il dit galant :

— Oh, si j’ai voulu savoir, ceci faisant penser à cela, c’était pour me rappeler la ravissante paysanne qui éclipsait la fille de la mer, ce soir-là.

Alix fut profondément touchée du compliment, et dans le regard de remerciement qu’elle adressa à celui qui l’avait tourné, elle laissa passer un peu de son amour.

Il resta ébloui.

— Oh, si le cœur de cette créature de beauté, songea-t-il, allait se réveiller, Et pourquoi pas ! Comme la vie serait belle !

Dans l’espoir de revoir ce qui venait de l’enchanter, il épiait ardemment Alix. Mais le beau visage ne montrait aucun signe d’émotion. Il s’était, trompé. Il soupira.

— Je crois, reprit Béatrice, que l’ondine a fini par comprendre la poésie des prairies, et c’est bien ainsi. Vivre simplement, s’aimer et se le dire, sont les meilleures garanties du bonheur.

— Un cœur et une chaumière, taquina Gilles.

— Deux cœurs dans un joli cottage en ville, ce n’est pas mal, tu sais, répliqua-t-elle moqueuse.

À ce moment, l’attention des jeunes gens fut attirée par un valet de l’hôtel qui accourait dans leur direction.