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madame Wills en garde contre les « petits travers » de monsieur Richard, qui consistaient, en jalousie, ivrognerie, libertinage, avec, en plus, l’habitude détestable de changer de « sweetheart » à tout instant, et de laisser dans le dénuement celles qu’il abandonnait. Tout était dûment signé.

Luce commença par être indignée de ces écrits, puis le venin du doute s’infiltra en elle, pour ensuite se changer, hélas, en cette certitude révoltante : Richard Wills se moquait d’elle ! Elle eut un petit rugissement prometteur, et attendit son millionnaire. Lorsqu’il se présenta, il reçut le premier jet de la terrible colère de l’élégante veuve :

— Vous êtes propre, vous…

Il se méprit.

— « Very neat indeed » je prends mon bain chaque jour, « my love ».

— « My love… my love… » combien en avez-vous de « my love » dans votre vie, vil pompeur d’huile ?

— « Say, by the way » qu’avez-vous « Lucy dear… »

— Ce que j’ai ? J’ai surtout failli avoir ce que d’autres ont eu. Lisez ceci.

Et elle présenta les feuillets accusateurs du geste d’un percepteur montrant des billets échus.

Richard les lut, et, flegmatique, les remit à Luce :

« Oh, les sweet darlings », dit-il en cassant de ses dents armées d’or, des petites lames de gomme aromatisée.

— Vos femmes, hein ?

— « Ya… »