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— De grâce, Alix, fit Paul en se voilant la figure de ses mains, ne faites plus de ces allusions qui nous font mal à tous deux.

Un besoin de consoler cet homme qu’elle aimait tant, s’empara d’Alix, elle s’agenouilla près de lui :

— Mettons tout notre espoir en l’avenir, nous ne pourrons être malheureux avec ceux que le ciel nous enverra.

Paul se souleva sur son coude, et jeta, le regard fixé sur sa compagne :

— Oh ces enfants comme je les aime déjà, je les adore, dit-il avec passion.

Alix détourna la tête, et ne vit pas qu’il y avait plus que de l’amour paternel dans les yeux de l’architecte, celui de l’amant s’y reflétait désespérément.

— Oh que cet homme saura chérir ses enfants, se dit-elle, et moi… Oh, je devrai me contenter de la part, magnifique après tout, qui me revient du lamentable gâchis dont je suis cause.

Elle se leva, et courageuse sourit à son mari.

— Vous venez, Paul, dit-elle en lui tendant la main. Il prit la main offerte et la serra avec force.

— Amie ? interrogea-t-il, avec au cœur un reste d’espoir pour quelque chose de mieux que l’amitié.

— Amie, répondit-elle doucement, amie sincère et dévouée pour la vie. Elle souriait toujours, mais l’âme meurtrie, elle voyait son bel amour se laisser envelopper par l’ombre grandissante de son jardin caché.

Paul se leva et prit le bras de sa femme.