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— Oui, et je la revois en te regardant.

— Oh, oh, oh, ne t’endors plus ! En route ! En route ! Le lendemain, Gilles dit à ses compagnons :

— Ce soir, nous serons rendus à destination. Pour cette dernière journée de notre voyage, je paie le lunch. Pour ne pas être à la merci d’un coup de vent, qui renversera la marmite, j’ai fait amplement garnir le panier.

— Je suis curieuse, dit Béatrice, que contient la coque d’osier ?

— Sa cale est pleine de menues friandises, et, sur le pont, couché dans un lit de laitue succulente et frisée, repose un poulet froid.

— Froid de la mort ; y a-t-il un blessé ?

— Malheureusement non.

— Dommage ! j’aurais eu une sollicitude de garde-malade pour lui, et… oh ! regardez donc le coin délicieux, là dans cette anse, quel endroit idéal pour déguster tes provisions, Gilles.

— Arrêt ! ordonna le jeune homme.

La machine ralentit, et vint s’immobiliser doucement en bordure de la route.

Les voyageurs descendirent, et s’installèrent à la place remarquée.

— À table ! dit Gilles, en étalant le contenu des paniers.

— Dernier stage de tranquillité avant de se lancer dans le tourbillon mondain, fit remarquer Béatrice en attaquant une aile de poulet. Ce soir même, la colonie fashionable de Percé, sans se douter de la bonne fortune qui l’attend, aura l’avantage de voir son actif