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Elle fit comme si elle n’avait pas compris.

— Pfuit ! évanouie, dit Gilles avec le geste du gamin qui voit crever son ballon.

— Nous partons, demanda Alix, qui avait hâte de se retrouver seule.

— Mais oui, répondit Béatrice, arrivée en chaise-à-porteurs, ma chère, tu retournes en limousine. Voici ce que vaut le progrès.

On se sépara, Gilles reconduisant mademoiselle Vilet.

— Rentrez-vous chez votre tante, Alix, s’enquit Paul en prenant place à côté de sa femme dans l’automobile qui les ramenait de la fête ?

— Je le crois.

Sans une seule objection, Paul donna un ordre en conséquence au chauffeur.

— Que je suis lasse, se disait Alix quelques instants plus tard, assise sur son lit, et froissant distraitement sa capeline de mousseline. La jeune femme se mit à repasser les événements de la soirée. Si le souvenir de l’un d’entre eux lui fut pénible, l’incident causé par madame Lebrun, vint la consoler. Les paroles de Paul, en cette circonstance, avaient dû assez éclairer la veuve pour lui faire abandonner ses intrigues. Et c’était vrai. Luce, vexée et humiliée au suprême degré, avait envoyé promener l’architecte à tous les diables, en se promettant d’être plus pratique à l’avenir.

Cependant pour Alix, l’idée que son mari pourrait lui échapper par l’influence d’autres femmes, la tourmentait, et il allait s’éloigner.