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— Tu t’amuses ?

— Mieux, à présent que j’ai le cou libéré de ton carcan.

— As-tu eu des aventures sanglantes ?

— Non. Les gens sont paisibles.

— As-tu vu… Alix ?

— Je la cherche. Je ne sais du diable sous quel déguisement elle se cache. Je voudrais pourtant la découvrir avant qu’on donne l’ordre d’enlever les masques.

Ils regardèrent autour d’eux.

— Gilles, quelle est cette belle fermière, là-bas ?

— Où ça…

— Dans le coin de droite, au bras de l’Hindou casqué de diamants.

— Ah… j’y suis. Pristi, une superbe fille ! À elle seule, elle prêche le retour à la terre plus éloquemment que tous les pamphlets du Ministère de l’Agriculture. Paul, j’me fais colon, ajouta-t-il en s’éloignant.

— Où vas-tu ?

— Voir ma fermière. Ce fanatique d’Hindou n’a rien à faire auprès d’elle : il serait capable de lui suggérer de faire un jeûne à mort pour soulager Ghandi. Tu me suis ?

— De loin ; rien ne me presse.

En faisant son chemin pour aller trouver la paysanne, le passage rapide de Gilles fit un sillon noir parmi les toilettes éclatantes. Ce n’est pas sans s’être attiré des quolibets, que le charbonnier aborda la délicieuse fille des champs. Il se présenta à elle avec l’allure d’un débutant gêné.