Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 115 —

— Vous me visez ? détrompez-vous. J’ai pâti à tous les instants du jour de ma solitude, et surtout, ajouta-t-il en grinçant ses dents usées, du manque des soins auxquels j’étais habitué. Et c’est vous qui m’avez ravi celle qui aurait dû me les donner toujours !

Et son égoïsme éclatant :

— Vous n’avez pas craint de détruire la tranquillité de ma vie, vous êtes responsable du départ de cette Gilberte que j’aurais su mater sans votre influence néfaste !

— Je l’aimais, s’écria Étienne révolté de tant de cynisme.

— Un radotage qui vous a coûté cher, et n’est pas tout payé.

— Pas n’était besoin de m’inviter à venir ici, pour me rappeler ma souffrance…

— Non, mais pour l’aviver j’avais besoin de vous voir. Assoyez-vous pour ce que j’ai à vous dire.

— Non, je vous remercie, et je vous avertis que je ne tolérerai pas de vous entendre répéter les mots dont vous vous êtes servis pour m’annoncer la mort de Gilberte. De mon côté, j’aurai une question à vous poser tout à l’heure. Je vous écoute.

Hé, hé, vous n’aimez pas à entendre répéter les mots qui ont déjà été prononcés, mais ceux qui ne l’ont pas été, eux ? Restez debout si vous voulez pour les écouter, peut-être après vous sentirez le besoin de vous asseoir.

Et comme la bête sauvage qui retourne sa proie encore vivante dans ses griffes, avant de lui donner le coup de mort, il continua :