Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 100 —

semblable à celui du frottement de morceaux de glace dans un sceau de bois. S’étant calmé, Kélano expliqua :

— Pas des rats, m’siou Thomas, pas des rats, non, mais des loups par exemple. Oui, des loups. Affamés, li loups grattent sur tente sentir viande, vouloir manger.

— Ils t’ont senti, toi, hareng-saur.

Kélano qui décidément possédait un beau caractère, se mit à rire de nouveau. Cependant l’idée de pouvoir enfin aller respirer le grand air, l’aidait pour beaucoup à prendre les choses gaiement.

— Je ne comprends pas la cause de ton hilarité, sauvage. Est-ce la perspective de te trouver nez à nez avec des loups qui te déride ainsi ? Monsieur Bordier, ajouta Thomas, au dire de Kélano, nous pouvons sortir de notre refuge. Des loups attendent pour nous saluer, paraît-il. C’est assez amusant.

Étienne sourit.

— J’aime mieux envisager la réception qui nous attend, que de rester ici plus longtemps, dit-il. D’ailleurs nous avons le moyen d’éloigner les hôtes de la forêt. Jette les braises du poêle dehors, et avec le bois qui reste fais un grand feu. La flamme chassera ceux qu’une courtoisie intéressée a placés devant notre porte.

Et ainsi fut fait. La clarté du foyer et les étincelles en roulant sur la neige firent déguerpir les loups qui, efflanqués, la gueule sanglante, s’enfuirent en hurlant.

L’on put sortir sans danger.

Les préparatifs de départ se firent rapidement.