Page:Brassard - Les Mémoires d'un soldat inconnu.pdf/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
les mémoires d’un soldat inconnu

me déclares la guerre pour pouvoir me tuer sans passer pour un assassin. Tu ne l’as pas fait. Ce n’est donc pas un soldat qui m’enlève la vie, c’est un meurtrier !

— En attaquant la civilisation, vous attaquiez tous les peuples, et c’est pour défendre la civilisation que j’ai pris les armes.

— Chez nous, en terre germanique, on dit la même chose : c’est pour sauver la civilisation menacée par les forces de la Triple Entente que nous avons pris les armes.

Il se met à délirer :

— Je fuis cet enfer… Je veux voir ceux que j’aime, les embrasser, les aimer davantage… Je veux vivre, respirer la vie… Arrière ! toi, tu n’as pas le droit de me barrer la route ; tu n’as pas le droit de me frapper… Ah ! assassin !… Je voulais respirer la vie, et je goûte à la mort… je goûte à la mort…

Il pleure, il pleure avec des soupirs navrants. Si seulement il ne me regar-