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les mémoires d’un soldat inconnu

— On n’a jamais eu d’aide des maisons d’éclairage. Mais pour y voir un brin on avait l’esprit inventif, et la meilleure trouvaille a été sans contredit la ficelle saucée dans la graisse de rat.

— Ah ! les sales bêtes ! Elles ont fini de gruger les cadavres et de véhiculer les poux d’une tranchée à l’autre.

— Et par cette liaison permettre le croisement redoutable de la vermine des belligérants. Un jour, et je ne mens pas, j’ai écrasé sur ma poitrine un pou qui s’y baladait au pas de l’oie.

— Je t’crois, mon vieux. Un prisonnier boche m’a affirmé en avoir tenu un, dans sa main, qui grasseyait.

— Ça c’est trop fort, ton Boche t’a flanqué une colle. N’empêche que les poux devenaient kolossal et leur force musculaire s’avérait inquiétante.

— On va les connaître les nuits tranquilles : plus de poux à nourrir, plus de marmites pour bouleverser son matelas, et tout le confort des salles de toilette. On va tirer la chaîne et pour la douche et pour le reste ; on va se raser