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adolphe brassard

— Ah !… Eh ben ! ingurgite un peu ta joie, mon vieux, c’est scandaleux ; on ne danse pas avec un brancard.

— Excuse-moi, j’avais quasiment oublié. Il ne pèse pas lourd aux bras pour un gaillard de sa taille.

— Pauvre gars !

— Pourquoi ne restait-il pas dans ses arpents de neige ?

— Dis pas ça, vieux.

— J’sais bien ce que j’aurais fait à sa place…

— On peut savoir ?

— Je serais resté où j’étais, et je plains qui m’aurait délogé.

— Ah ! Eh ben ! c’est vilain de dire des choses pareilles de ceux qui nous ont prêté main-forte.

— On n’a qu’une vie et on doit d’abord la garder pour soi. Et s’il nous faut la donner pour une cause, eh ben ! que ce soit une cause qui soit renfermée dans les murs de son patelin, s’pas ?

— T’es pas chic. Nos cousins du Canada sont venus nous aider dans une maudite corvée, et c’est comme si tu les boudais.

— Non, mais je les trouve gauches. Que vont-ils rapporter d’ici ? Des poux